et
le camp de concentration de DORA
Je tiens à remercier chaleureusement Monsieur Jens Christian WAGNER, directeur du Mémorial de MITTELBAU - DORA, pour son appréciation de ce site et sa précieuse collaboration.
|
En mémoire de John M. GALIONE, qui fut le premier à découvrir l'enfer de Dora et en fut, par conséquent, le Libérateur. |
Aller vers les plans du camp de Dora et de l'usine souterraine
Les principales dates de l'histoire de Dora
Description des activités dans les galeries
A propos du choix du nom, il est utile de préciser que le nom de DORA a été choisi en notion du "D" de l'alphabet (D comme Dora), et non "Deutsche Organisation Reichs Arbeit" comme cela a pu être écrit par erreur dans le livre de Olga Wormser-Migots "Système Concentrationnaire". A ce moment là, DORA était un camp extérieur de BUCHENWALD. Il garde son statut jusqu'en octobre 1944. A partir de ce moment là, il obtient le statut d'un camp autonome qui prend le nom de MITTELBAU. Il se développe en tant que centre d'un grand complexe de camps avec plus de 40 camps extérieurs et Kommandos de travail disséminés dans toute la région avec des noms tels que ERICH, HANS etc.... On peut dire que la plupart des détenus de DORA travaillent dans ces camps. Seul un dixième est employé dans l'usine souterraine et est affecté, soit à la construction des galeries, soit à la fabrication et à l'assemblage des nouvelles armes sous la direction de l'équipe dirigeante des spécialistes des fusées : Werner von BRAUN et Arthur RUDOLPH (je rappelle que Wernher von BRAUN prétendait tout ignorer des atrocités commises … ??!!). Des ingénieurs et des travailleurs civils travaillent également dans ces lieux. La production des fusées relève du ministère de l'armement du Reich alors que la SS est responsable des immenses travaux de construction sous la direction de Hans KAMMLER qui est compétent pour l'ensemble de la zone MITTELBAU qui s'étend au Nord jusqu'à HALBERSTADT, à l'Ouest presque jusqu'à GÖTTINGEN, au Sud jusqu'à BAD LANGENSALZA et à l'Est jusqu'à EISLEBEN. C’est dans l'usine MITTELWERK que sont construites les fusées A4 plus connues sous l’appellation V2 (Vergeltungswaffe 2) et les bombes volantes Fieseler FI 103 ou V1 (Vergeltungswaffe 1). Les missiles de défense anti-aérienne "TAIFUN" et "R4M" y sont également construits de même que le "Volksjäger" (chasseur du peuple) HE 162 "Schildkroete". Dans la partie Nord de l'usine appelée NORDWERK, on construit les moteurs JUMO 213 pour les avions Focke Wulf 190 D (long nez) , et Les réacteurs d’avions ME 262. A la différence du MITTELWERK, la main-d'oeuvre qui y est employée est composée par des travailleurs civils étrangers qui, pour la plupart, y ont été amenés sous la contrainte. Le 28 août 1943, un premier groupe de 100 détenus arrive sur place bientôt suivi par un flot ininterrompu d'autres prisonniers chargés d'aménager et de creuser les tunnels. Les tunnels A et B s'étendent sur une longueur de 1.800 mètres et disposent d'une largeur comprise entre 9 et 11 mètres et d'une hauteur comprise entre 6,5 et 7 mètres. Ils comportent quarante-six tunnels parallèles longs de 150 mètres, d'une largeur de 7 mètres sur une hauteur de 5,5 mètres. L'ensemble s'étend sur une longueur totale d'environ 12 kilomètres et d'une superficie de 97.000 m². Les détenus travaillent jusqu'à 14 heures par jour sans compter les heures d'appel, de formalités et de contrôle, dans des conditions inhumaines, sans eau courante ni potable. Ils récupèrent la plus petite goûte d'eau même boueuse qu'ils lapent dès qu'un SS a le dos tourné puisqu'il est interdit de boire de l'eau non potable. Leur ration journalière est constituée de ce qui ressemble à une soupe constituée d'eau et de graisse et d'un morceau de pain. Beaucoup meurent d'épuisement et de maladie au bout de quelques semaines et leurs corps décharnés sont, dans les premiers temps ramenés à BUCHENWALD pour y être incinérés et plus tard, après l'installation d'un four crématoire à DORA, incinérés sur place. Certains détenus qui tombent sur leur lieu de travail sont même coulés dans le béton. La plupart ne sortent pas du tunnel dans lequel ils partagent des paillasses humides disposées sur 4 étages. L'humidité dans ces tunnels est très importante. Pour prévenir les épidémies de typhus, dès qu'un prisonnier est atteint de cette maladie, il est immédiatement renvoyé sur le camp de concentration de BUCHENWALD où, de toutes façons l'attend la mort. Les SS font preuve d'une extrême violence envers ces pauvres êtres réduits à l'état de loque. Les brimades, les injures et les coups sont le quotidien qu'ils doivent endurer en plus du bruit infernal, de l'odeur nauséabonde qui règne dans ces galeries. Lors du dynamitage pour l’extension des boyaux, les SS les obligent à continuer leur travail et beaucoup d’entre eux sont blessés par la projection de pierres.
Des infirmiers ont
trouvé un jeu particulièrement horrible. C'est à ceux qui jettent le cadavre
d'un détenu en bonne position sur la civière que revient "l'honneur"
d'être les gagnants. Ainsi, un infirmier prend le corps décharné par les
pieds et l'autre par les épaules et, après l’avoir balancé, le projettent
dans la civière dans les rires et les cris débiles des autres infirmiers. Le
corps n'arrivait que rarement en bonne position et on recommençait plusieurs
fois l'opération à tour de rôle. Un jour, deux détenus font remarquer auprès
des SS que leur ration était moins importante que celle de leurs camarades et
que, dans ces conditions, ils n'allaient plus travailler. Bien mal leur en pris
puisque les SS les fusillèrent sur le champ. Il faut également parler des
nombreux actes de sabotage commis par les prisonniers. Ces actes obligent les
nazis à prélever une fusée sur quatre à des fins de vérification. Lorsqu'un
saboteur est découvert, il est mis à mort et pendu pour l'exemple sur les
crochets de la chaîne de transport et passe ainsi au-dessus de tout le monde.
Est également considéré comme acte de sabotage punit par la mort, une clé échappée des mains et qui tombe malencontreusement sur le sol. On pourrait bien sûr continuer ainsi durant des pages. Mais ce n'est pas le but
de ce site et il existe d'excellents ouvrages comme celui de Yves BEON, "La
planète Dora" qui, mieux que quiconque, décrit l’enfer de Dora dans
lequel il était détenu et a tant souffert.
Ce n'est qu'au printemps 1944 que le camp de baraquements est construit. Les détenus qui logeaient jusqu'à ce moment là dans les galeries 43 à 46 possèdent à présent leur pauvre habitation à l'air libre si on peut dire. Mais ce camp n'a pas été construit pour leur bien-être, mais parce que les nazis ont un grand besoin de place dans l'usine souterraine et les anciennes "habitations" sont à présent transformées en ateliers de montage.
Entre janvier et début avril 1945, plus de 6.000 détenus meurent dans les camps de Mittelbau. 3.000 d'entre eux périssent dans la caserne Boelcke à Nordhausen, qui avait été aménagée depuis le début janvier par la SS comme mouroir central pour le complexe de Mittelbau.
Alors que les troupes américaines ne sont plus qu’à quelques kilomètres de NORDHAUSEN, les S.S. entreprennent d’évacuer, les 5 et 6 avril, 4.000 prisonniers vers d’autres camps comme BERGEN-BELSEN. Ainsi débute une très longue marche forcée durant laquelle de nombreux détenus y laissent leur vie.
DORA est libéré le
11 avril 1945
par les troupes américaines et grâce à un soldat de la 104e Division US
d'Infanterie Timberwolf 415e Régiment, Compagnie B,
John
M. GALIONE, qui a découvert tout à fait par hasard ce camp. Ces soldats
prennent ainsi connaissance de ce triste univers jonché de cadavres et de corps
décharnés ainsi que quelques centaines de prisonniers affamés que les SS
n'ont pu emmener. A NORDHAUSEN, ils découvrent le même
"spectacle" dans la "caserne Boelcke" qui renferme quelques
1.450 morts et mourants, dont la plupart, ironie de l'histoire, sont tués lors
des bombardements alliés qui semblaient ignorer leur présence. A la vue de ce
triste spectacle, les soldats américains obligent les habitants à vêtir leurs
habits de dimanche et leurs font visiter les lieux. Puis ils les mettent ensuite
à la tâche en leur faisant aménager des sépultures décentes qui vont
recevoir les victimes du nazisme.
Jusqu’à juin 1945,
les américains envoient une centaine de fusées A4 complètes, leurs pièces détachées
ainsi qu’un grand nombre de documents aux USA. Les russes, qui prennent la
place des américains en juillet 1945 assemblent une fusée A4. Ces deux nations
s’approprient un grand nombre d’ingénieurs qui seront chargés plus tard de
mener à bien les programmes spatiaux de ces deux pays. Les français "récupèrent"
également quelques ingénieurs pour leur propre programme spatial.
Les installations du
camp servent à héberger les réfugiés jusqu’en août 1946. A partir de ce
mois, on procède au démontage des baraquements. Les machines sont également démontées
et envoyées en URSS. Les entrées de l’usine souterraine sont finalement
dynamitées par les soviétiques en 1948. On estime aujourd’hui que 60.000 détenus sont passés à Dora. 20.000 d’entre eux ne sont jamais revenus de cet enfer. Parmi ces détenus figuraient environ 1.100 italiens, dont la moitié était des soldats. Ils ont été fait prisonniers par les nazis après l'armistice que l'Italie avait signé avec les alliés. Ces prisonniers, qui étaient considérés comme des traîtres par les SS, étaient traités d'une manière particulièrement cruelle. Quelques 500 d'entre eux ont péri à Dora. Aujourd’hui, il ne reste plus grand chose de ce sinistre camp qui a été transformé en musée et ouvert au public. Bien que la nature ai repris ses droits, on peut voir le bâtiment de l’administration du Mémorial qui renferme la direction du musée et qui a été construit dans les années soixante dix sur les fondations de la baraque en bois dans laquelle le Département Politique (Gestapo) possèdait son bureau, le baraquement reconstruit qui abritait les charpentiers et les serruriers, et un autre baraquement reconstruit qui abrite aujourd’hui le musée. Ces deux blocs dominent le camp et plus particulièrement la grande place d’appel sur laquelle a été installé le mémorial. Un peu plus haut, on peut voir, entouré d’arbres, le bâtiment en briques qui abrite le four crématoire. Pour le reste, il ne subsiste plus que les soubassements comme ceux des imposantes cuisines. Aux abords de la place d’appel, on trouvera les vestiges d’une vieille locomotive à vapeur et d’un wagonnet sans doute utilisé avec cette dernière. Tout à côté également, une tour de garde qui a été reconstruite dans sa configuration d’origine. Le panneau explicatif datant des années soixante qui indique qu'elle pouvait contenir un détenu emprisonné en position debout n'est pas exact. La partie basse faussement considérée comme prison servait en réalité d'abri lors d'éventuelles attaques aériennes. Pour accéder à l’usine souterraine, il faut emprunter la petite route d’accès bétonnée et marcher quelques 200 mètres. Après avoir franchi une porte grillagée qui mène au tunnel B fermé par les éboulis, on accède à droite au nouveau tunnel d’accès construit en 1995. La visite des lieux se fait uniquement avec un guide.
Après avoir emprunté
le tunnel d’accès pendant une centaine de mètres,
on entre à présent dans le tunnel
A. Dans la pénombre de cette usine
souterraine, on est immédiatement surpris par une vague odeur de brûlé. A
droite on aperçoit les éboulis de ce qui fût l’entrée A. Une tuyère de V2
est disposée sur un support derrière des barrières. Devant nous, une maquette
de l’usine et aux murs des tableaux explicatifs. A gauche, un peu plus loin,
une immense montagne de débris de plus d’un mètre de hauteur, aux origines
diverses (morceaux de V1 – V2 – structure – gravas etc…) qui se prolonge
sur plusieurs dizaines de mètres. On emprunte une passerelle spécialement aménagée
qui surplombe ces débris et qui emmène le visiteur à travers le tunnel A en
passant devant la galerie 46 et jusque dans les galeries 45 et 44. Tout autour
un univers de débris de ce qui fut l’une des plus grandes machines infernales
du IIIème Reich. En arrivant au début de la galerie 44, on se trouve à présent
dans la galerie centrale située entre les tunnels A et B. L’ensemble est
inondé à cet endroit là, mais on peut tout de même apercevoir les restes qui
gisent au fond de l’eau claire. On comprend mieux à présent le calvaire que
tous ces hommes ont eu à subir. Une fois à l’air libre, on ne peut que
s’interroger sur cette folie meurtrière des nazis dont est cependant issue
une technologie d’avant garde, et qui, après avoir généré les drames que
l’on sait, a pourtant apporté son bénéfice dans la conquête spatiale de
nombreux pays comme les USA, l’URSS et la France.
INFORMATIONS CONCERNANT LE MEMORIAL DE DORA KZ-Gedenkstätte
Mittelbau-Dora Du
1er octobre au 31 mars : de 10h à 16h Du 1er avril au 30 septembre : de 10h à 18h Fermé les lundis
|