le Fieseler FI103 V1

 

 

Le Fieseler V1    Peenemünde   Dora   Thil   Le Val Ygot   Eperlecques

 

Le site V1 de Cherbourg Brécourt

 

 

 

Je remercie Monsieur le Préfet Maritime de Cherbourg qui a bien voulu m'accorder l'autorisation de visiter ces lieux et le lieutenant Bécu pour ses conseils éclairés,

Je remercie également Madame Feret de la Mairie de Equeurdreville-Hainneville pour sa collaboration.

 

 

Rechercher dans la page

 touche r pour continuer

cliquer pour imprimer la page

 

 

 

   Pour mieux comprendre ce qui devait être le plus grand site de lancement des bombes volantes V1 d'Europe s'il avait pu être achevé,  nous nous arrêterons quelques instants pour découvrir tout d'abord l'histoire de ce site intimement liée à la Marine Nationale.

 

 

HISTOIRE

 

   Dans les années 1920, la vapeur cède peu à peu la place au mazout. Cette nouvelle technique de chauffe préconisée par le programme naval de 1922 oblige la Marine Nationale à se doter d'installations de stockage de ce nouveau produit. C'est ainsi que fut choisi, pour des raisons stratégiques, le site de Brécourt. Celui-ci est situé sur les hauteurs de Cherbourg, sur les bancs de la commune de Equeurdreville-Hainneville.

 

     5.000 ouvriers, dont de nombreux étrangers, sont affectés aux travaux qui débutent en 1932. Ils construisent sous la colline constituée de roches granitiques, surmontée de 15 à 25 mètres de rochers, huit réservoirs en béton d'une capacité unitaire de 10.000 m3 de mazout ainsi que deux usines souterraines capables de fournir l'énergie nécessaire au fonctionnement des installations à l'aide de moteurs de 400 cv. Ces moteurs alimentent les pompes immergées, la ventilation et le système électrique. La construction ainsi réalisée se termine en 1938 et met les installations à l'abri de tout type de bombardement.

 

     Ces immenses travaux permettent à la Marine Nationale de disposer d'un stockage optimal d'un total de 80.000 m3 de produit dans des réservoirs dont les caractéristiques sont les suivantes :

haut de la page

- longueur : 72m

- largeur à la base : 13,5m

- largeur à la voûte : 15m

- hauteur à la voûte : 15m

- hauteur de produit : 10,6m

 

     Le mazout est acheminé du lieu de stockage vers le port dans des canalisations et permet d'alimenter facilement les navires.

 

     Mais la guerre éclate et la France est envahie par les armées du IIIème Reich. Lors de l'occupation de Cherbourg, le personnel rend les installations inutilisables par l'occupant. A la libération, le site retrouve ses fonctions d'origine jusqu'en 1986. Cette année marque l'arrêt définitif de toute exploitation par la Marine Nationale.

 

Une galerie menant vers un réservoir du site

Une galerie menant vers

un réservoir du site

Cliquer ...

Vue dans l'un des 8 réservoirs

L'un des 8 réservoirs

du site

Cliquer ...

 

L'OCCUPATION ALLEMANDE

 

     Alors que le IIIème Reich décide d'employer les armes secrètes, le 22 décembre 1942, HITLER ordonne la construction de sites géants à Sottevast et à Couville. Le 7 juillet 1943, il donne l'ordre d'aménager un troisième site pour le lancement des fusées A4 (vergeltungswaffe V2) à Brécourt. Ce site surnommé "Öelkeller Cherbourg" devait être conçu pour abriter le stockage de 330 tonnes d'oxygène liquide dans 6 réservoirs et l'équipement d'unités mobiles de tir ainsi que 30 fusées A4. Devant le bombardement intensif des autres sites, le projet est finalement abandonné fin 1943 car Brécourt était trop exposé aux bombardements alliés.

 

     Cependant, la Luftwaffe s'intéresse de très près au site de Brécourt pour y installer un site de lancement des bombes volantes V1. Le projet initial prévoyait l'installation de deux rampes de lancement et un stockage de 300 V1, ce qui correspond environ à 6 jours de tirs.

haut de la page

   Le 6 janvier 1944, le général HEINEMAN déclare : "l'un des Wasserwerk en construction a été détruit à la suite d'une attaque aérienne. Sa construction sera poursuivie mais seulement comme leurre. Un site de remplacement a été reconnu près de Cherbourg". Le "Wasserwerk" bombardé était en l'occurrence le "Wasserwerk Cherbourg" à Couville très longtemps confondu avec Brécourt, auquel la Luftwaffe avait affecté le nom de "Wasserwerk Minenlager".

 

    Le même mois, les travaux de construction du bâtiment en forme de U abritant la rampe de lancement débutent et devaient s'achever le 10 juin 1944, l'aménagement des galeries le 1er août 1944. Le site est implanté en face des galeries 1 et 2. L'ensemble devait nécessiter une quantité de béton de 10.000 m3 pour les murs et les galeries et 6.000 m3 pour le toit d'une épaisseur de 5 m. Une ouverture à l'arrière a été aménagée pour l'évacuation des importantes fumées produites au moment du tir par la réaction du permanganate sur le perhydrol.

 

 

Plan - vue d'ensemble du haut

Plan - vue d'ensemble du haut

Cliquer ...

Le mur de la rampe de lancement

Le mur de la rampe

de lancement

Cliquer ...

 

Plan des installations - vue de profil

Plan des installations - vue de profil

Cliquer ...

Vue sur l'intérieur de la rampe de lancement. Vue du haut de la rampe de lancement vers la maquette du V1. Vue du haut de la rampe de lancement vers la sortie des fumées. Vue vers la sortie de la rampe de lancement. Vue sur la galerie n°2. Vue vers la sortie des fumées et le poste de commandement de tir. Vue sur le poste de commandement de tir. Vue du haut de l'entrée de la galerie n°2. Rainure dans le mur devant recevoir la rampe. Vue sur une pièce située à coté de la sortie des fumées. Vue sur la sortie des fumées. Vue du haut, sur la galerie n°2. Vue du haut vers la sortie de la rampe de lancement. Vue de l'extérieur vers la sortie des fumées.

Plan des installations - vue du haut

Cliquer sur les flèches vertes et rouges pour ouvrir les photos ...

 

     Des travaux de construction d'une 2ème rampe ont également commencé sur le plateau, à quelques 150 mètres à l'Est de la rampe bétonnée. Une galerie a été creusée à partir de la galerie 1 pour permettre l'accession à cette rampe. Cette galerie est aujourd'hui murée.

haut de la page

     Le 21 mars 1944, un projet de 2 rampes supplémentaires est élaboré à partir de 2 galeries utilisées jusqu'alors par la Marine. Celui-ci devait permettre le stockage de 1.000 engins. Un autre projet d'installation de 4 rampes dans les environs du "Wasserwerk"  était également à l'étude. Il devait se situer dans des galeries utilisées également par la Marine au Nardouet situé à 2 km au Sud d'Octeville. Le stockage prévu de ce site était de 300 engins.

 

     Mais heureusement, ces projets n'ont jamais pu aboutir et le site a été investi par les troupes américaines le 27 juin 1944. La construction de la rampe de lancement n'était pas achevée puisqu'il restait à mettre en place le toit d'une épaisseur de 5 m. On peut estimer que les travaux réalisés ont nécessité environ 13.000 m3 de béton.

 

     Bizarrement, il n'a jamais été bombardé puisqu'il n'avait pas été reconnu comme objectif "Crossbow". Bien qu'il ait été repéré et photographié à plusieurs reprises et l'évolution des travaux suivit régulièrement, son camouflage, les travaux souterrains invisibles d'avion et l'absence d'embranchement ferroviaire n'ont pas attirés autrement l'attention. Ce n'est que le 8 juillet 1944, quelques jours après sa prise en possession par les alliés qu'il a enfin été classé comme objectif "Crossbow".

 

     Ce site, qui est le dernier des neuf grands sites dont la construction fut décidée, aurait représenté un réel danger pour l'Angleterre s'il avait pu être mis en service car, et combiné aux autres installations, il offrait un immense angle de tir : tous les ports et villes entre Southampton et la pointe de Cornouaille (dans un rayon de 270 km dans les terres) pouvaient être bombardés, ainsi que les zones industrielles de Bristol et Cardiff.

 

     Winston Churchill fut invité après la Libération à visiter entre autres le site de Brécourt. En arrivant au pied de l'édifice, il laissa tomber sa pomme et s'exlama : "Oh my God !" en constatant l'ampleur du chantier entrepris. Depuis ce jour un pommier s'est développé au pied de la rampe de lancement, on l'appelle le Pommier de Churchill. Mais cela relève plus de la légende que de la réalité.

 

Photographie aérienne du site

Photographie aérienne

du site

Cliquer ...

Le pommier de Churchill

Le pommier de Churchill

Cliquer ...

 

     On accède au site par la rue Jacques Prévert. Après avoir franchi la grille d'entrée, on emprunte un chemin sur environ 100 m et on se retrouve nez à nez avec l'ouvrage. Il est à noter que ce site est fermé au public, sauf durant les journées du patrimoine organisées chaque année. Les passionnés regretteront sans aucun doute cette fermeture d'autant que Brécourt est le seul site à être resté dans l'état, sans avoir été bombardé.

haut de la page

- Bibliographie : "Constructions spéciales"
de Roland HAUTEFEUILLE

- Crédits photos :

- Jean-Claude Augst

- Bernard Cocriamont

http://www.fzg76.com/

 

dernière modification : 09 octobre 2013

 

 

Le Fieseler V1    Peenemünde   Dora   Thil   Le Val Ygot   Eperlecques