KUMMEROV et THOMFOR

 

"ou la lettre d'Oslo"

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

    Même si les travaux à Peenemünde ont été menés dans le plus grands secret, et alors que la deuxième guerre mondiale est sur le point d'éclater, deux ingénieurs, Heinrich Kummerov, ingénieur de la Loewe Opta Radio, et Thomfor, opposants au régime nazi et membres du réseau de résistance "Rote Kapelle (orchestre rouge)" affilié aux services secrets de l'Armée Rouge, dressent un rapport de trente page sur les activités du centre de recherches de Peenemünde qu'ils décident d'envoyer à Londres. Ce rapport mentionne le nom des ingénieurs et des savants et décrit dans le détail les activités et les essais effectués à Peenemünde mais également à Kummersdorf.

 

    Ce groupe d'idéologie marxiste préférait confier ces documents secrets aux anglais plutôt qu'aux russes, suite à l'alliance de Hitler et de Staline de 1939. Ils restaient avant tout anti-nazi et ne suivaient pas la politique de Staline. Traqués par la police, ils ont tout juste le temps de glisser leur rapport (qu'ils n'auront pas le temps de signer) dans la boîte aux lettres de l'ambassade de Grande Bretagne, qui sera transmis en octobre 1939 au Secret Intelligence Service à Londres. Ces services apprennent de cette façon l'existence de travaux de recherches sur des avions sans pilotes et des fusées capables d'emporter une charge explosive importante à des centaines de kilomètres.

 

    Ne connaissant pas la provenance de ce rapport et ne croyant pas aux fusées, ils pensent qu'il s'agit sans aucun doute d'une procédure d'intoxication mise en oeuvre par des agents allemands et décident de classer ce document de la plus haute importance dans un coffre-fort.

 

    De plus en plus de renseignements sur Peenemünde affluent en Angleterre. Le 15 mai 1942, le Flt Lieutnant D.W. Stevenson survole l'île d'Usedom où il aperçoit un aérodrome. Il décide de prendre quelques photos sur lesquelles on peut voir de nombreuses constructions en particulier d'étranges installations de forme circulaires ou elliptiques. Mais personne n'y trouve rien de particulier et ces photos sont classées dans le dossier Pennemünde.

 

    Il faut attendre 1943 pour que la décision soit prise d'effectuer des photographies aériennes complètes. Les premières photos qui sont exploitées ne montrent rien de significatif et on ne sait pas encore à quoi peuvent servir ce que l'on découvrira plus tard être des rampes de lancements. On pense tout d'abord qu'il s'agissait de longs tuyaux servants à des dragues suceuses refoulant du sable et de l'eau pour faire des remblais. Mais à cette époque là, on ignorait tout des V1 et, de plus, on ne savait pas encore ce qu'il fallait chercher sur ces photos.

 

Fusées V2 sur leur remorque au Prufstand VII    En avril, un rapport en provenance d'un agent mentionne que non loin de Watten, on procède à des travaux d'excavations considérables. D'énormes tranchées y sont creusées avec un plancher en béton de trois mètres d'épaisseur. Il s'agissait là du futur blockhaus d'Eperlecques qui devait servir de base de lancement de V2 et d'usine de stockage et de fabrication d'oxygène liquide. 

 

    La mission photographique du 12 juin 1943 devait enfin apporter un élément qui allait enfin mettre la lumière sur les travaux des allemands. On découvre sur le pas de tir VII (Prufstand VII) des fusées couchées sur leur plate-forme de transport.

 

Le minuscule V1 sur sa rampe de lancement    Une autre série de photos est prise en juin 1943. Grâce à la perspicacité de Miss Smith, elle aperçoit un minuscule T sur une rampe de lancement. Plus tard, sur d'autres clichés, 

 

    En juillet 1943, on ressort le rapport des deux ingénieurs allemands (le même mois, Kummerow et son épouse sont pendus par la Gestapo dans une cave de Berlin chacun à un croc de boucher) pour les comparer avec ceux émanant des réseaux de résistance françaises, allemandes, hollandaises, belges et polonaises sont regroupés et minutieusement étudiés.

 

    Des questions se posent sur la nature des neufs constructions spéciales (1) implantées dans le Pas-de-Calais et dans le Cotentin comme Eperlecques et sur leur destination (V1 - V2 - V3 - usine d'oxygène liquide), mais petit à petit, on commence à comprendre le but auquel elles sont destinées et on peut établir clairement qu'elles sont affectées aux armes de vengeance.

 

    Le moment est venir d'agir ! La décision est prise de bombarder Peenemünde dans la nuit du 17 au 18 août 1943, puis le Kraftwerk Nordwest de Watten (blockhaus d'Eperlecques) le 27 août.

 

(1) Eperlecques - La Coupole - Mimoyecques - Couville - Sottevast - Brécourt - Tamerville - Siracourt - Lottingen

 

 

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