INAUGURATION DE LA RUE JEAN MARIDOR A PARIS (75015)
Lundi le 18 octobre 1954 à 11 heures

 

 

 

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Invitation à l'inauguration de la rue Jean MARIDOR à PARIS

 

La rue Jean Maridor à Paris (75015)  La rue Jean Maridor à Paris (75015)  La rue Jean Maridor à Paris (75015)

Nous remercions M. Bernard Pauly pour les photos qu'il a bien voulu

mettre à notre disposition pour leur publication dans le site.

 

 

Discours de Monsieur Bernard LAFAY, Président du Conseil Municipal de Paris :

 

     Le 3 août 1944, un aviateur trouvait la mort en détruisant un V1 qui survolait la campagne anglaise et semblait menacer de manière iminente un hôpital et une école.

    Insoucieux du risque évident, il s'était dangeureusement approché de l'engin afin de le mieux attaquer.

    Du SPITFIRE abattu et disloqué par l'explosion de la bombe volante, les témoins retirèrent un corps inerte et s'aperçurent avec surprise qu'il portait un uniforme français.

    C'était celui de Jean MARIDOR qui s'était déjà bien souvent exposé sans compter pour épargner à la population civile britannique - aux habitants de Folkestone - les coups d'un ennemi implacable.

    Ce dernier exploit, ce dernier acte d'abnégation au service d'une cause sacrée mettait ainsi le sceau final à la plus éblouissante carrière.

    Modèle des vertus traditionnelles héritées de la chevalerie française que n'ont pas réussi à éteindre la mécanisation et l'anonymat des guerres modernes, Jean MARIDOR méritait à la fois pour lui-même personnellement, et comme représentant symbolique de la troupe sacrée des aviateurs de notre race, tombés au combat dans les rangs des forces alliées, l'hommage que Paris lui décerne solennellement aujourd'hui.

    Car ce jeune pilote, assoiffé de grandeur, est entré dans le Panthéon idéal de nos gloires nationales ; il était juste que la Capitale de la France lui décerne l'honneur qu'elle réserve à ceux dont elle veut se rappeler le nom à la foule et perpétuer la mémoire.

    Si réservé, si secret que fût Jean MARIDOR, quand il s'agissait de soi, nous en savons cependant assez sur sa vie intérieure - toute illuminée par le courage, la foi, l'espoir tenace dans la résurrection finale de sa patrie occupée, mais non pas vaincue - pour deviner qu'il s'était habitué à regarder droit dans les yeux le destin qui l'attendait et dont il n'était pas sans pressentir l'approche même aux heures où il pouvait se laisser aller, légitimement à des rêves d'amours et d'avenir heureux.

    Aies chaque jour devant les yeux la mort, l'exil et tout ce qui parait effrayant, la mort surtout : "tu n'auras alors jamais aucune pensée basse, ni aucun désir excessif" cette maxime d'Epictète il l'avait faite implicitement sienne, car les grandes âmes d'instinct retrouvent et mettent en action les grandes pensées.

    Ainsi cette courte vie de moins de vingt quatre ans aura-t-elle atteint une perfection morale, une plénitude et une intensité qu'il est donné à bien peu de connaître, et à moins encore de préserver longtemps intactes.

    Peut-être est-ce la raison pour laquelle la mort des jeunes héros qui ont pu d'abord donner le meilleur d'eux-mêmes provoque plus d'admiration encore et de respect que de larmes.

    C'est dans ces sentiments de profonde sympathie et de reconnaissance que, tout en nous associant au deuil de sa famille, et en affirmant à celle-ci qu'elle a le droit d'être fière, je vous demande la permission de relire à haute voix les dernières citations de Jean MARIDOR, Croix de Guerre avec 5 palmes, Distinguished Flying Cross, Croix de la Libération, Croix de guerre tchèque, Commandeur de la Légion d'Honneur :

    "Officier de la Légion d'Honneur pour prendre rang du 23 octobre 1943 :
    Volontaire de juin 1940, pilote de chasse dont l'audace n'a d'égale que son habileté, spécialiste incomparable des attaques à basse altitude possède la plus haute idée du devoir et maintient très haut le prestige français parmi ses camarades de combat britanniques.
    Engagé en opérations depuis septembre 1941, totalise 340 heures de vol de guerre, en 380 missions dont 190 offensives.
    Compte à son actif : 7 victoires aériennes, et de nombreux bateaux et autres objectifs détruits.
    Une fois cité à l'ordre des Forces Françaises Libres, quatre fois cité à l'ordre des Forces Aériennes Françaises Libres. Distinguished Flying Cross."

    "Commandeur de la Légion d'Honneur pour prendre rang du 1er août 1944 :
    Héritier des plus pures traditions de la chasse française, soutient infatigablement une lutte farouche et spectaculaire et fait preuve d'un courage qui restera légendaire.
    Après avoir participé à de nombreuses attaques en vol rasant, et notamment aux opérations de protection du Corps de débarquement en Normandie, vient d'être engagé dans la défense contre les bombes volantes, en a détruit neuf en quelques semaines, grâce à un mépris total du danger, et a ajouté à la gloire des ailes françaises un prestige sans cesse grandissant."

    Tel fut Jean MARIDOR, garçon de France sans peur et sans reproche, dont l'admirable exemple restera inscrit à jamais dans les coeurs de tous ceux pour qui l'impératif le plus haut et le plus exaltant demeure l'amour de la Patrie.
  

 
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