Le Fieseler FI 103 - V1

 

 

Le Fieseler V1    Peenemünde   Thil   Val Ygot   Brécourt   Eperlecques

 


L'usine souterraine

et

le camp de concentration de DORA

 

Je tiens à remercier chaleureusement Monsieur Jens Christian WAGNER, directeur du Mémorial de MITTELBAU - DORA, pour son appréciation de ce site et sa précieuse collaboration.

  

 

Rechercher dans la page

 touche r pour continuer

cliquer pour imprimer la page

 

 

Vue générale sur une partie du camp de concentration de Dora - on distingue à droite la place d'appel

 

   En mémoire de John M. GALIONE, qui fut le premier à découvrir l'enfer de Dora et en fut, par conséquent, le Libérateur.

 

Aller vers les plans du camp de Dora et de l'usine souterraine

 

Les principales dates de l'histoire de Dora

 

Description des activités dans les galeries

 

    Après le bombardement et la destruction du 17 au 18 août 1943 du centre de recherche sur les armes V de Une maison de Nordhausen telle qu'on peut en voir encore aujourd'hui PEENENMÜNDE, HITLER décide "d'enterrer" ses usines de production afin de les mettre à l'abri des bombardements. Le choix se porte sur un site situé au centre de l'Allemagne en "Thüringe", dans la "Saxe", enfoui sous la colline du "Kohnstein" dans les montagnes de la "Harz", tout à côté de la ville de NORDHAUSEN. C'est dans une galerie minière déjà existante et utilisée depuis 1936 par la Wehrmacht comme dépôt d'huile et de lubrifiant et confiée à la Société MITTELWERK nouvellement créée, que le IIIème Reich va écrire l'une des pages les plus dramatiques et les plus terribles de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Le projet mis en route par Albert SPEER, architecte du IIIème Reich prend le nom de DORA et sera majoritairement alimenté par les détenus du camp de concentration de BUCHENWALD distant d'environ 70 kilomètres.

        A propos du choix du nom, il est utile de préciser que le nom de DORA a été choisi en notion du "D" de l'alphabet (D comme Dora), et non "Deutsche Organisation Reichs Arbeit" comme cela a pu être écrit par erreur dans le livre de Olga Wormser-Migots "Système Concentrationnaire".

        A ce moment là, DORA était un camp extérieur de BUCHENWALD. Il garde son statut jusqu'en octobre 1944. A partir de ce moment là, il obtient le statut d'un camp autonome qui prend le nom de MITTELBAU. Il se développe en tant que centre d'un grand complexe de camps avec plus de 40 camps extérieurs et Kommandos de travail disséminés dans toute la région avec des noms tels que ERICH, HANS etc.... On peut dire que la plupart des détenus de DORA travaillent dans ces camps. Seul un dixième est employé dans l'usine souterraine et est affecté, soit à la construction des galeries, soit à la fabrication et à l'assemblage des nouvelles armes sous la direction de l'équipe dirigeante des spécialistes des fusées : Werner von BRAUN et Arthur RUDOLPH (je rappelle que Wernher von BRAUN prétendait tout ignorer des atrocités commises … ??!!). Des ingénieurs et des travailleurs civils travaillent également dans ces lieux. La production des fusées relève du ministère de l'armement du Reich alors que la SS est responsable des immenses travaux de construction sous la direction de Hans KAMMLER qui est compétent pour l'ensemble de la zone MITTELBAU qui s'étend au Nord jusqu'à HALBERSTADT, à l'Ouest presque jusqu'à GÖTTINGEN, au Sud jusqu'à BAD LANGENSALZA et à l'Est jusqu'à EISLEBEN.

    C’est dans l'usine MITTELWERK que sont construites les fusées A4 plus connues sous l’appellation V2 (Vergeltungswaffe 2) et les bombes volantes Fieseler FI 103 ou V1 (Vergeltungswaffe 1). Les missiles de défense anti-aérienne "TAIFUN" et "R4M" y sont également construits de même que le "Volksjäger" (chasseur du peuple) HE 162 "Schildkroete".

        Dans la partie Nord de l'usine appelée NORDWERK, on construit les moteurs JUMO 213 pour les avions Focke Wulf 190 D (long nez) , et Les réacteurs d’avions ME 262. A la différence du MITTELWERK, la main-d'oeuvre qui y est employée est composée par des travailleurs civils étrangers qui, pour la plupart, y ont été amenés sous la contrainte.

    Le 28 août 1943, un premier groupe de 100 détenus arrive sur place bientôt suivi par un flot ininterrompu d'autres prisonniers chargés d'aménager et de creuser les tunnels. Les tunnels A et B s'étendent sur une longueur de 1.800 mètres et disposent d'uneVue aérienne du camp de Dora prise par la RAF prise le 13 septembre 1944 largeur comprise entre 9 et 11 mètres et d'une hauteur comprise entre 6,5 et 7 mètres. Ils comportent quarante-six tunnels parallèles longs de 150 mètres, d'une largeur de 7 mètres sur une hauteur de 5,5 mètres. L'ensemble s'étend sur une longueur totale d'environ 12 kilomètres et d'une superficie de 97.000 m². Les détenus travaillent jusqu'à 14 heures par jour sans compter les heures d'appel, de formalités et de contrôle, dans des conditions inhumaines, sans eau courante ni potable. Ils récupèrent la plus petite goûte d'eau même boueuse qu'ils lapent dès qu'un SS a le dos tourné puisqu'il est interdit de boire de l'eau non potable. Leur ration journalière est constituée de ce qui ressemble à une soupe constituée d'eau et de graisse et d'un morceau de pain. Beaucoup meurent d'épuisement et de maladie au bout de quelques semaines et leurs corps décharnés sont, dans les premiers temps ramenés à BUCHENWALD pour y être incinérés et plus tard, après l'installation d'un four crématoire à DORA, incinérés sur place. Certains détenus qui tombent sur leur lieu de travail sont même coulés dans le béton. La plupart ne sortent pas du tunnel dans lequel ils partagent des paillasses humides disposées sur 4 étages. L'humidité dans ces tunnels est très importante. Pour prévenir les épidémies de typhus, dès qu'un prisonnier est atteint de cette maladie, il est immédiatement renvoyé sur le camp de concentration de BUCHENWALD où, de toutes façons l'attend la mort. Les SS font preuve d'une extrême violence envers ces pauvres êtres réduits à l'état de loque. Les brimades, les injures et les coups sont le quotidien qu'ils doivent endurer en plus du bruit infernal, de l'odeur nauséabonde qui règne dans ces galeries. Lors du dynamitage pour l’extension des boyaux, les SS les obligent à continuer leur travail et beaucoup d’entre eux sont blessés par la projection de pierres.

    Des infirmiers ont trouvé un jeu particulièrement horrible. C'est à ceux qui jettent le cadavre d'un détenu en bonne position sur la civière que revient "l'honneur" d'être les gagnants. Ainsi, un infirmier prend le corps décharné par les pieds et l'autre par les épaules et, après l’avoir balancé, le projettent dans la civière dans les rires et les cris débiles des autres infirmiers. Le corps n'arrivait que rarement en bonne position et on recommençait plusieurs fois l'opération à tour de rôle. Un jour, deux détenus font remarquer auprès des SS que leur ration était moins importante que celle de leurs camarades et que, dans ces conditions, ils n'allaient plus travailler. Bien mal leur en pris puisque les SS les fusillèrent sur le champ. Il faut également parler des nombreux actes de sabotage commis par les prisonniers. Ces actes obligent les nazis à prélever une fusée sur quatre à des fins de vérification. Lorsqu'un saboteur est découvert, il est mis à mort et pendu pour l'exemple sur les crochets de la chaîne de transport et passe ainsi au-dessus de tout le monde. Est également considéré comme acte de sabotage punit par la mort, une clé échappée des mains et qui tombe malencontreusement sur le sol. On pourrait bien sûr continuer ainsi durant des pages. Mais ce n'est pas le but de ce site et il existe d'excellents ouvrages comme celui de Yves BEON, "La planète Dora" qui, mieux que quiconque, décrit l’enfer de Dora dans lequel il était détenu et a tant souffert. 

 

    Ce n'est qu'au printemps 1944 que le camp de baraquements est construit. Les détenus qui logeaient jusqu'à ce moment là dans les galeries 43 à 46 possèdent à présent leur pauvre habitation à l'air libre si on peut dire. Mais ce camp n'a pas été construit pour leur bien-être, mais parce que les nazis ont un grand besoin de place dans l'usine souterraine et les anciennes "habitations" sont à présent transformées en ateliers de montage. 

 

    Entre janvier et début avril 1945, plus de 6.000 détenus meurent dans les camps de Mittelbau. 3.000 d'entre eux périssent dans la caserne Boelcke à Nordhausen, qui avait été aménagée depuis le début janvier par la SS comme mouroir central pour le complexe de Mittelbau.


 
    Durant les nuits des 3 au 5 avril 1945, la RAF effectue une grande opération de deux bombardements qui détruisent la majeure partie de la ville et qui atteint cependant la "caserne Boelcke" qui a été aménagée pour les détenus inaptes au travail, ainsi que certains baraquements. Ces bombardements ont sans doute activés l'évacuation des prisonniers.

    Alors que les troupes américaines ne sont plus qu’à quelques kilomètres de NORDHAUSEN, les S.S. entreprennent d’évacuer, les 5 et 6 avril, 4.000 prisonniers vers d’autres camps comme BERGEN-BELSEN. Ainsi débute une très longue marche forcée durant laquelle de nombreux détenus y laissent leur vie.

    DORA est libéré le 11 avril 1945Un nombre impressionnante de morts attendait les soldats américains à la caserne Boelcke par les troupes américaines et grâce à un soldat de la 104e Division US d'Infanterie Timberwolf 415e Régiment, Compagnie B, John M. GALIONE, qui a découvert tout à fait par hasard ce camp. Ces soldats prennent ainsi connaissance de ce triste univers jonché de cadavres et de corps décharnés ainsi que quelques centaines de prisonniers affamés que les SS n'ont pu emmener. A NORDHAUSEN, ils découvrent le même "spectacle" dans la "caserne Boelcke" qui renferme quelques 1.450 morts et mourants, dont la plupart, ironie de l'histoire, sont tués lors des bombardements alliés qui semblaient ignorer leur présence. A la vue de ce triste spectacle, les soldats américains obligent les habitants à vêtir leurs habits de dimanche et leurs font visiter les lieux. Puis ils les mettent ensuite à la tâche en leur faisant aménager des sépultures décentes qui vont recevoir les victimes du nazisme. 

    Jusqu’à juin 1945, les américains envoient une centaine de fusées A4 complètes, leurs pièces détachées ainsi qu’un grand nombre de documents aux USA. Les russes, qui prennent la place des américains en juillet 1945 assemblent une fusée A4. Ces deux nations s’approprient un grand nombre d’ingénieurs qui seront chargés plus tard de mener à bien les programmes spatiaux de ces deux pays. Les français "récupèrent" également quelques ingénieurs pour leur propre programme spatial. 

    Les installations du camp servent à héberger les réfugiés jusqu’en août 1946. A partir de ce mois, on procède au démontage des baraquements. Les machines sont également démontées et envoyées en URSS. Les entrées de l’usine souterraine sont finalement dynamitées par les soviétiques en 1948. 

    On estime aujourd’hui que 60.000 détenus sont passés à Dora. 20.000 d’entre eux ne sont jamais revenus de cet enfer. Parmi ces détenus figuraient environ 1.100 italiens, dont la moitié était des soldats. Ils ont été fait prisonniers par les nazis après l'armistice que l'Italie avait signé avec les alliés. Ces prisonniers, qui étaient considérés comme des traîtres par les SS, étaient traités d'une manière particulièrement cruelle. Quelques 500 d'entre eux ont péri à Dora.          haut de la page

          Aujourd’hui, il ne reste plus grand chose de ce sinistre camp qui a été transformé en musée et ouvert au public. Bien que la nature ai repris ses droits, on peut voir le  bâtiment de l’administration du Mémorial qui renferme la direction du musée et qui a été construit dans les années soixante dix sur les fondations de la baraque en bois dans laquelle le Département Politique (Gestapo) possèdait son bureau, le baraquement reconstruit qui abritait les charpentiers et les serruriers, et un autre baraquement reconstruit qui abrite aujourd’hui le musée.

      Ces deux blocs dominent le camp et plus particulièrement la grande place d’appel sur laquelle a été installé le mémorial. Un peu plus haut, on peut voir, entouré d’arbres, le bâtiment en briques qui abrite le four crématoire. Pour le reste, il ne subsiste plus que les soubassements comme ceux des imposantes cuisines. Aux abords de la place d’appel, on trouvera les vestiges d’une vieille locomotive à vapeur et d’un wagonnet sans doute utilisé avec cette dernière. Tout à côté également, une tour de garde qui a été reconstruite dans sa configuration d’origine. Le panneau explicatif datant des années soixante qui indique qu'elle pouvait contenir un détenu emprisonné en position debout n'est pas exact. La partie basse faussement considérée comme prison servait en réalité d'abri lors d'éventuelles attaques aériennes.

     Pour accéder à l’usine souterraine, il faut emprunter la petite route d’accès bétonnée et marcher quelques 200 mètres. Après avoir franchi une porte grillagée qui mène au tunnel B fermé par les éboulis, on accède à droite au nouveau tunnel d’accès construit en 1995. La visite des lieux se fait uniquement avec un guide.haut de la page

 

    Après avoir emprunté le tunnel d’accès pendant une centaine de mètres, on entre à présent dans le tunnel A.  Dans la pénombre de cette usine souterraine, on est immédiatement surpris par une vague odeur de brûlé. A droite on aperçoit les éboulis de ce qui fût l’entrée A. Une tuyère de V2 est disposée sur un support derrière des barrières. Devant nous, une maquette de l’usine et aux murs des tableaux explicatifs. A gauche, un peu plus loin, une immense montagne de débris de plus d’un mètre de hauteur, aux origines diverses (morceaux de V1 – V2 – structure – gravas etc…) qui se prolonge sur plusieurs dizaines de mètres. On emprunte une passerelle spécialement aménagée qui surplombe ces débris et qui emmène le visiteur à travers le tunnel A en passant devant la galerie 46 et jusque dans les galeries 45 et 44. Tout autour un univers de débris de ce qui fut l’une des plus grandes machines infernales du IIIème Reich. En arrivant au début de la galerie 44, on se trouve à présent dans la galerie centrale située entre les tunnels A et B. L’ensemble est inondé à cet endroit là, mais on peut tout de même apercevoir les restes qui gisent au fond de l’eau claire. On comprend mieux à présent le calvaire que tous ces hommes ont eu à subir. Une fois à l’air libre, on ne peut que s’interroger sur cette folie meurtrière des nazis dont est cependant issue une technologie d’avant garde, et qui, après avoir généré les drames que l’on sait, a pourtant apporté son bénéfice dans la conquête spatiale de nombreux pays comme les USA, l’URSS et la France.

 

Le plan du camp de Dora et de l'usine souterraine

 

On pourra voir les photos du camp et celles de l'usine souterraine en cliquant sur les points ronds de couleurs (jaune cerclé de rouge pour les photos actuelles et violets cerclés de bleus pour les photos d’époque). Ces points sont apposés aux différents endroits des deux plans situés plus bas. La description des photos apparaît en glissant le curseur de la souris sur les photos.                                   

 

 

Le plan du camp de Dora                             

INFORMATIONS CONCERNANT LE MEMORIAL DE DORA

KZ-Gedenkstätte Mittelbau-Dora
Kohnsteinweg 20
99734 Nordhausen

  Heures d'ouverture :

Du 1er octobre au 31 mars : de 10h à 16h

Du 1er avril au 30 septembre : de 10h à 18h

Fermé les lundis  


Tél. : 03631/4958-0
Fax : 03631/495813

Internet : http://www.buchenwald.de/29/
Email : info@dora.de

 

 

Le Fieseler V1    Peenemünde   Thil   Val Ygot   Brécourt   Eperlecques   

haut de la page